Alors que la fin de l'année 2011 se profile et que les inévitables bilans vont commencer à fleurir, arrêtons-nous une fois encore sur les États-Unis. Qui, soit dit en passant, s'ils ont en déclin d'après certains, conservent cependant un pouvoir d'attraction (économique, médiatique, scientifique, etc.) sans équivalent, devant même celui de la Grande muraille (de Chine) !
Nos cousins d'Outre-Atlantique donc, depuis que leur administration a décidé de traiter le cyberespace au même rang que les autres dimensions (terrestre, maritime, aérienne et spatiale), font feu de tout bois et dans toutes les directions. De surcroît, ils communiquent et plus que bien. On pourra toujours leur reprocher l'utilisation de la communication comme un vecteur d'influence avec ce que cela recouvre de techniques manipulatoires, dilatoires, etc. et l'on aura en partie raison. Pour autant, l'une des fascinations que l'on peut éprouver à l'égard des USA, est ce mélange de transparence parfois exagérée et de culture du secret. Une ambivalence parfaitement assumée depuis des décennies et qui leur permet de garder un vrai leadership. Dans de nombreux domaines y compris dans...le cyberespace.
Prenons, par exemple, l'Air Force, en pointe pour le Cyber par rapport aux autres armes : elle dispose d'un programme de formations spécifiques mais prépare aussi les recrutements de demain. A travers l'Air Force Association, le programme CyberPatriot a pour objet de faire s'affronter des dizaines d'équipes d'étudiants lors de plusieurs sessions cybersécurité dont l'objet est de renforcer et sécuriser un système (puis deux systèmes pour les 36 équipes sélectionnées) qui subit ensuite, une batterie d'attaques en règle afin d'en mesurer la robustesse. D'autres épreuves comprennent également des problèmes de sécurité plus ou moins complexes que les équipes doivent résoudre.
Au final, l'Air Force enverra les 12 meilleures équipes se mesurer aux finalistes des autres armes lors de la finale nationale organisée à Washington en mars 2012. Cette finale sera placée sous le spectre des analyses post criminelles et forensiques. L'intérêt d'un tel programme, unique au monde, est multiple :
- Donner l'envie et le goût aux étudiants de poursuivre leurs études supérieures dans les filières techniques réunies sous le vocable STIM (Sciences, Technologies, Ingénierie, Mathématiques - STEM en anglais). Comme en France et en Europe plus généralement, il existe une véritable désaffection pour ces filières;
- Disposer d'un réservoir de "potentiels" et repérer les talents que le Pentagone ou ses sous-traitants (partenaires du programme CyberPatriot) ne manqueront pas de contacter d'ici 3 à 5 ans (quand ce n'est pas déjà fait);
- Générer un afflux de candidats en affichant les ambitions (et les moyens) technologiques de la Défense U.S. (génération "techno-enthousiaste);
- Enfin, tester mine de rien des concepts via des prototypes industriels fournis par les partenaires industriels du programme, ce qui représente un gain de moyens, de temps donc d'argent manifestement significatif.
En résumé, on a là une autre facette de la volonté des USA d'essayer de prendre l'ascendant dans le cyberespace au travers de la détection des chercheurs et des opérateurs de demain (3 à 10 ans), l'opportunité de tester de nouvelles solutions techniques et dynamiser l'engouement que peut générer un tel programme auprès de la jeunesse technophile américaine. Une fois encore, et toutes proportions gardées par ailleurs, un programme de type "Cyber-Erasmus" en Europe aurait une véritable incidence et serait une façon de préparer un avenir, dans le cyberespace et au-delà, par ailleurs incertain.
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