lundi 8 novembre 2010

Incident à la centrale nucléaire d'Heysham 1 (2/2)

L'incident s'est produit le jour ou EDF a cédé le marché de la distribution d'énergie (presque 8 millions de clients à Londres, dans l'est et le sud-est de l'Angleterre) au groupe Cheung Kong basé à Hong Kong. Si l'on se penche quelques instants sur cette entreprise (rapport annuel 2009 de CK - Holdings - Ltd) on a la composition page 142 des principaux actionnaires du conglomérat : 

- Bank of China  
- Hang Seng Bank (Chine)
- Industrial and Commercial Bank of China  
- China Merchants Bank
- Bank of Communications Co., Ltd (Chine)

On relativisera néanmoins avec la présence britannique (HSBC), canadienne (CIBC) et française (BNP).

En page 26 se trouvent les biographies des responsables clefs visibles :
- Ka-Shing LI est le président fondateur du Groupe, d'origine et de nationalité chinoise, détenteur des principaux avoirs de Hutchison Wampoa (entité du conglomérat dans laquelle on trouve en particulier la branche s'occupant de génération énergétique, distribution, infrastructures, etc.).
- Victor (Tzar-Kuoi) LI, fils de son père président, est le managing director. Origine chinoise, nationalisé canadien.
- Le staff est à 100% d'origine chinoise, je ne saurai en dire autant des nationalité en cours. 

Au passage, on remarquera les fonctions de :
- Davy (Sun Keung) CHUNG, executive director depuis 1993 (pas mal pour un simple architecte !), membre du PC chinois (la section exacte du Parti est indiquée).
- Siu Hon LEUNG, non executive Director, est représentant à la Haute Court de la région administrative spéciale de Hong Kong et officier officiel du Parti.
- Comme on fait ça en famille, on retrouve son cousin Roland (Kun Chee) CHOW, également représentant de l'administration chinoise de Hong Kong. 
- Katherine (Siu Lin) HUNG, Audit du Groupe, pointe au PC chinois (section précise encore une fois indiquée).
- pareil pour Rosanna (…) WONG.

Au sujet de la centrale de Heysham constituée de deux usines (0,76TWh et 8,32Twh) à deux blocs réacteurs (soit 4 réacteurs), on s'étonnera peu de savoir que le site doit être rénové prochainement (arrêt de Heysham 1 en 2013 ou 2014) pour accueillir une nouvelle infrastructure plus puissante et plus moderne (d'où les mouvements velociraptoresques Areva / Rosatom (russe) avec les chinois en embuscade… qui eux ont déjà remporté un gros point avec la reprise du site à EDF.

Les mouvements de ces derniers jours pour la gestion de la production et de la distribution de l'énergie au Royaume-Uni illustrent parfaitement la partie d'échec qui se déroule en Europe. Partie à plusieurs niveaux et entre plusieurs acteurs : Siemens et Areva frontalement pour prendre le leadership au niveau continental et se positionner en éventuel numéro 1 mondial, EDF et Rosatom en embuscade avec des entreprises chinoises disposant de capitaux très importants.

Que l'arrêt d'Heysham 1 se soit produit le jour de son rachat est une coïncidence intrigante qui ne doit pas faire oublier que, parfois ou souvent, les coïncidences ne sont que ce à quoi elles ressemblent. On peut néanmoins affirmer, sans jugement de valeur aucun, que l'approvisionnement énergétique de la zone urbaine londonienne n'est plus sous contrôle national ni même européen mais dorénavant chinois. Affaire à suivre.

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