Alors que le sommet bilatéral États-Unis / Chine à Sunnylands [1], Californie, vient de s'achever, cet article s'intéresse en particulier au volet cybernétique. En rappelant les "scoops" les plus emblématiques qui ont précédé cette rencontre historique puis en les replaçant dans un contexte d'opérations et de manœuvres informationnelles. L'occasion d'affermir certaines lignes de force pour finalement se demander si ce sommet aura permis aux deux frères ennemis d'avancer dans la bonne direction.
En premier lieu, il est sans doute utile de positionner cette rencontre en perspective des mouvements actuels dans la zone Asie-Pacifique. A ce propos, on relira la (très) courte présentation que j'effectuais la semaine dernière concernant le "Cyber Asie Pacifique".
En second lieu, on notera que le travail préparatoire d'artillerie a continué jusqu'à la tenue du sommet. Le fait qu'une affaire potentielle d'espionnage massif orchestré par la NSA (programme Prism avec l'outil de datamining Boundless Informant [2]) surgisse à ce moment-là n'est pas le fait du hasard. Tout comme la révélation d'un mémo présidentiel "Top secret" [3] traitant autant d'opérations défensives qu'offensives impliquant les différentes agences de renseignement afin :
- d'autoriser l'emploi de "cyber actions d'urgence" (Emergency Cyber Actions - page 10) ;
- de préparer une liste de cibles à l'étranger dont les vulnérabilités à des cyberattaques auraient un impact significatif sur le pays visé.
- d'autoriser l'emploi de "cyber actions d'urgence" (Emergency Cyber Actions - page 10) ;
- de préparer une liste de cibles à l'étranger dont les vulnérabilités à des cyberattaques auraient un impact significatif sur le pays visé.
En troisième lieu, que penser des révélations américaines des dernières semaines concernant les innombrables cyberattaques d'origine chinois ou la campagne massive de cyberespionnage politique qui aurait visé la campagne présidentielle de 2008, celle opposant Barack Obama et John Mc Cain ?
La partie d'échecs entre les USA et la Chine n'est pas récente, elle est simplement en train de changer de dimension en devenant plus visible par effet d'opportunisme politique. Elle devient aussi plus "dure", en regard de la surface et de la profondeur des manœuvres clandestines [4] dans le cyberespace. De part et d'autre. Les USA étant sans doute assez peu crédibles pour venir se placer en victimes face à la Chine. Notons d'ailleurs que dans les années 90, la Chine a probablement été la nation ayant le plus tôt identifié les opportunités et les enjeux liés à l'Internet puis au cyberespace. Mais après les USA.
Concluons en rejoignant l'analyse du site GovInfo Security pour qui les enjeux liés au cyberespace dépassent heureusement les deux plus grandes puissances mondiales. Une raison qui doit les inciter à réfréner leur méfiance réciproque. Autant pour assurer une responsabilité de fait que de peser, aussi, en termes de soft power. Si le sommet de Sunnylands est un pas dans la bonne direction, autant les attentes que les avancées devront être mesurées. C'est sans doute en ce sens qu'il faut comprendre le président chinois lorsqu'il "prend acte" [5] des inquiétudes américaines en matière de cybersécurité.
[1] le choix de Sunnylands ne doit rien au hasard du fait de sa charge symbolique. Lire aussi cet article
[4] cyberespionnage et cyberattaques visant à élaborer une topologie et une cartographie globale des vulnérabilités et des chemins d'attaques avec modélisation des effets systémiques
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