mardi 12 mars 2013

La pénurie de spécialistes en cybersécurité (1/2). Laisser du temps au temps

Depuis plusieurs années, entreprises (sérieuses) et praticiens de la cybersécurité savent combien le recrutement d'ingénieurs spécialisés en cybersécurité est un art délicat. Le réservoir de ressources est limité, la France souffre toujours d'un déficit chronique d'ingénieurs d'environ 9000/an (1), et le "vrai" spécialiste polyvalent avec un éventail de compétences larges (2) se fait rare !

Côté employeurs, les recruteurs ne sont pas que des SSII chassant du "jeune sorti d'école" ou de "l'expert avec 3 ou 5 ans d'expérience" auquel on confiera des tâches plus ou moins complexes en espérant avoir misé sur le bon cheval ! Cabinets de conseil, petites structures orientées expertise, grandes entreprises et, évidemment, structures étatiques, tous ces acteurs ont besoin de personnes expérimentées et pluri-compétentes. Ces structures, même si elles attendent à juste titre des résultats, savent aussi investir sur leurs spécialistes en leur laissant une certaine partie d'activité pour se former, participer à des conférences, écrire des articles et/ou faire de la recherche.

Côté expérience, celle évoquée ici n'est pas le vernis acquis par la captation de mots-clés ou un sentiment de vague compréhension, exemple parmi d'autres, des enjeux de sécurité IPv4 vs IPv6 ! L'expérience recherchée se nourrit de mois et d'années consacrées à apprendre, se former, veiller et, évidemment, participer à (et/ou piloter) des projets différents, souvent compliqués si ce n'est complexes où la dimension technique n'est qu'un volet parmi d'autres. 

Côté compétences, au-delà du socle minimum requis "réseaux / systèmes / télécoms" se trouvent également la gestion ou le pilotage d'un projet, la préparation et l'animation de réunions (qui soient, de surcroît, utiles et efficaces !), la compréhension claire des objectifs à atteindre et la prise en compte d'un volet capital dans toute entreprise humaine : la composante psychologique, la gestion de l'effort, l'utilisation judicieuse et précise des talents de chacun. En lieu et place du maniement désastreux de vaines "carottes" ou de "bâtons" soulignant l'inanité de pratiques de management...moyenâgeuses et surtout contre-productives !

Lorsque, enfin, ces trois piliers se rejoignent pour former un tout cohérent, l'impétrant est devenu un spécialiste capable, compétent et, qualité nécessaire, autonome (3). Les années viendront ensuite donner la patine et la multitude de petites expériences, anecdotes et, surtout, difficultés lui permettront sans doute de devenir un expert au sens où il/elle pourra aborder tout nouveau défi sereinement et saura donner un "avis éclairé" sur un sujet quelqu'il soit.


(2) surface technique importante + organisationnel + référentiels + méthodologies + gestion de projet + capacités de communication + ...
(3) autonome ne signifiant pas individualiste mais bien capable d'agir, décider et produire entièrement seul comme en équipe 

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