L'IHEDN vient de magistralement lancer sa nouvelle saison des "Lundis de l'IHEDN" en faisant "amphi" comble (1) mais, surtout, en ayant convié Jacques Attali qui a brillamment exposé durant plus d'une heure sa vision du monde à l'horizon 2030/2040. Exercice délicat s'il en est, Jacques Attali a non seulement fait preuve d'un certain talent de conteur divinatoire tout en exerçant l'attrait fascinant de l'une des éminences grises de niveau international, parmi les plus informées et les plus cultivées.
Son intervention s'ouvre par le souvenir, déjà effacé des mémoires, d'un monde optimiste il y a 15 ans. Sans doute un certain biais cognitif d'une France qui gagnait alors au travers de son équipe nationale de football ou de son gouvernement dirigé alors par un Premier ministre touché par la grâce (2). Plus sérieusement, l'implosion de l'URSS et du Pacte de Varsovie annonçait l'avènement de l'économie de marché et de la démocratie selon certains. Pour d'autres, c'était l'émergence d'un conflit de civilisation "Occident" vs "Chine et Islam".
Jacques Attali enchaîne ensuite sur une comparaison plutôt convaincante de la période actuelle avec 1913. Il y relève de nombreux points communs, en particulier celle de deux périodes uniques du point de vue techniques (1913 : voiture, électricité, avion, innovations de toutes sortes) avec dans le même temps une crise financière importante, un mouvement terroriste anxiogène (nihilisme) et un basculement de la puissance mondiale de Londres vers les États-Unis. En 2013, le progrès technique apparait également extraordinaire et le basculement mondial s'effectue des Etats-Unis vers l'Asie. A raison, J. Attali reconnaît cependant qu'il faut garder beaucoup de prudence dans les prévisions, rappelant cependant que les sources des conflits sont connues depuis des millénaires.
J.Attali enchaîne ensuite sur les tendances qu'il juge les plus faciles à prévoir. D'abord, l'évolution démographique avec une population mondiale qui devrait atteindre 8,3 milliards d'êtres humains en 2030 (3). D'après lui, le 21ème siècle n'est d'ailleurs pas le siècle démographique de l'Asie mais bien celui de l'Afrique (1 milliards actuellement, 2 milliards en 2040). L'espérance de vie, ensuite, devrait continuer d'augmenter, influençant massivement les rapports de force. En 2040/45, par exemple, la France sera le pays de l'Union européenne le plus peuplé, dépassant l'Allemagne qui aura fortement décru. La Turquie, quant à elle, sera plus peuplée que la Russie. La migration mondiale des campagnes vers les villes continuera de s'accélérer avec en contrepoint un déséquilibre de plus en plus marqué entre la répartition des hommes et des femmes, en particulier en Chine et en Inde. Un phénomène susceptible de se transformer en facteur de guerre même si, au final, J. Attali envisage plutôt la démographie comme une bonne nouvelle.
Au rayon des bonnes nouvelles potentielles, l'accélération du progrès technologique avec l'émergence de révolutions à venir en plusieurs vagues : les technologies de l'information et de la communication (TIC - Internet des objets/M2M, Big data, impression 3D), le génie génétique, les nanotechnologies (comprenant des capacités destructrices, notion d'essaims et de "gelée grise ou noire") et les neurosciences (robotique, IHM, android) qui seront sans doute la vague aux effets les plus vertigineux. Si l'humanité oscillera prochainement avec la possibilité de faire le mal ou le bien sur une échelle bien supérieure, J. Attali note qu'actuellement la période est à une moindre violence (inter-étatique). Terminant sur un PIB mondial dont la croissance augmente la valeur du patrimoine mondial et la "liberté individuelle" comme valeur dominante (4), il clôt la partie positive avant de s'engager sur ce qu'il nomme les "nombreuses faces noires".
(seconde partie la semaine prochaine)
Jacques Attali enchaîne ensuite sur une comparaison plutôt convaincante de la période actuelle avec 1913. Il y relève de nombreux points communs, en particulier celle de deux périodes uniques du point de vue techniques (1913 : voiture, électricité, avion, innovations de toutes sortes) avec dans le même temps une crise financière importante, un mouvement terroriste anxiogène (nihilisme) et un basculement de la puissance mondiale de Londres vers les États-Unis. En 2013, le progrès technique apparait également extraordinaire et le basculement mondial s'effectue des Etats-Unis vers l'Asie. A raison, J. Attali reconnaît cependant qu'il faut garder beaucoup de prudence dans les prévisions, rappelant cependant que les sources des conflits sont connues depuis des millénaires.
J.Attali enchaîne ensuite sur les tendances qu'il juge les plus faciles à prévoir. D'abord, l'évolution démographique avec une population mondiale qui devrait atteindre 8,3 milliards d'êtres humains en 2030 (3). D'après lui, le 21ème siècle n'est d'ailleurs pas le siècle démographique de l'Asie mais bien celui de l'Afrique (1 milliards actuellement, 2 milliards en 2040). L'espérance de vie, ensuite, devrait continuer d'augmenter, influençant massivement les rapports de force. En 2040/45, par exemple, la France sera le pays de l'Union européenne le plus peuplé, dépassant l'Allemagne qui aura fortement décru. La Turquie, quant à elle, sera plus peuplée que la Russie. La migration mondiale des campagnes vers les villes continuera de s'accélérer avec en contrepoint un déséquilibre de plus en plus marqué entre la répartition des hommes et des femmes, en particulier en Chine et en Inde. Un phénomène susceptible de se transformer en facteur de guerre même si, au final, J. Attali envisage plutôt la démographie comme une bonne nouvelle.
Au rayon des bonnes nouvelles potentielles, l'accélération du progrès technologique avec l'émergence de révolutions à venir en plusieurs vagues : les technologies de l'information et de la communication (TIC - Internet des objets/M2M, Big data, impression 3D), le génie génétique, les nanotechnologies (comprenant des capacités destructrices, notion d'essaims et de "gelée grise ou noire") et les neurosciences (robotique, IHM, android) qui seront sans doute la vague aux effets les plus vertigineux. Si l'humanité oscillera prochainement avec la possibilité de faire le mal ou le bien sur une échelle bien supérieure, J. Attali note qu'actuellement la période est à une moindre violence (inter-étatique). Terminant sur un PIB mondial dont la croissance augmente la valeur du patrimoine mondial et la "liberté individuelle" comme valeur dominante (4), il clôt la partie positive avant de s'engager sur ce qu'il nomme les "nombreuses faces noires".
(seconde partie la semaine prochaine)
(1) l'amphithéâtre Foch, le plus important de l’École militaire, était comble et d'autres salles étaient ouvertes en prévision afin de permettre la retransmission vidéo à l'ensemble des (nombreux) participants
(2) croissance supérieure à 3%, baisse historique du chômage, dynamisme économique, c'était au...siècle précédent
(3) aujourd'hui 7,2 milliards
(4) ces assertions interrogent en particulier la question de la répartition inégale des richesses et l'individualisation de la société qui la rend cloisonnée, plus violente, moins solidaire
(3) aujourd'hui 7,2 milliards
(4) ces assertions interrogent en particulier la question de la répartition inégale des richesses et l'individualisation de la société qui la rend cloisonnée, plus violente, moins solidaire
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