Le mardi 5 juillet 2011, naissait officiellement un joli bébé que ses parents ont décidé d'appeler ICSPA (International Cyber Security Protection Alliance). La démarche mérite d'être saluée mais la prudence est de mise !
L'ICSPA a pour objectif de développer des relations entre les gouvernements, les institutions, les entreprises et les différents services de police et de justice, en construisant une plate-forme d'échanges et de conseil autour des problématiques de cybersécurité. Elle a l'ambition d'améliorer les capacités internationales en terme de réponse criminelle (police, justice) afin de protéger les professionnels et les clients. Elle s'adresse à tous, y compris à la Chine, qui saluera sans doute l'initiative tout en partant dans un grand éclat de rire. Discrètement, bien-sûr ! :)
Patronnée par le gouvernement de sa Gracieuse Majesté, le comité de direction (le board) est dirigé par David Blunkett, homme politique britannique de premier plan. A ses côtés officient deux autres membres, passés par les arcanes de la Défense ou de l'administration, tout en exerçant dans le secteur privé depuis des années. En appoint, un conseiller spécial, Américain, spécialiste en cybersécurité. A noter les liens directs de ces personnes avec des services d'enquête qu'ils soient policiers ou militaires (enquêtes criminelles, renseignement et contre-terrorisme).
Maintenant, les partenaires industriels : Cassidian, filiale d'EADS qui portait encore récemment le nom de Defense and Security, une société d'intégration et de conseil Core Security Technologies, trois autres sociétés moins connues de ce côté-ci du Channel et enfin deux éditeurs d'envergure mondiale : McAfee et Trend Micro. Le budget, enfin, est abondé par les partenaires de l'Alliance qui espèrent une participation significative de l'Union européenne.
Voilà donc pour le côté désintéressé ("non-for-profit organisation") et international (des Anglais et un Américain) ! :) J'oublie cependant la touche Européenne puisque Europol fait également partie des parrains. On peut y voir la caution l'interface avec les services de police et d'enquête du Vieux Continent.
Si l'initiative est louable, dans le sens où je fais partie de ces personnes qui appellent depuis plusieurs mois à une meilleure coordination internationale et, surtout, l'établissement d'une politique commune européenne sur la cybersécurité, quelques éléments troublants obscurcissent l'horizon.
D'abord, cette Alliance semble toute droit sortie des initiatives encouragées par la politique américaine (et britannique) en la matière : développer un partenariat public/privé fort et moteur. Ensuite, baser cette Alliance à Londres avec un board et un conseiller spécial, tous anglo-saxons et ayant des accointances certaines avec la galaxie "renseignement", ne facilite pas forcément une offre de service à destination de certains pays européens, sensibles à ce sujet. Que dire, alors, de cette même proposition envers la Chine ?! Enfin, laisser entendre que cette organisation serait presque caritative (je caricature à peine !) alors que son fer de lance est constitué d'éditeurs ou d'industriels importants voire majeurs dans la Sécurité (ou qui cherchent à se renforcer) est assez surprenant.
D'abord, cette Alliance semble toute droit sortie des initiatives encouragées par la politique américaine (et britannique) en la matière : développer un partenariat public/privé fort et moteur. Ensuite, baser cette Alliance à Londres avec un board et un conseiller spécial, tous anglo-saxons et ayant des accointances certaines avec la galaxie "renseignement", ne facilite pas forcément une offre de service à destination de certains pays européens, sensibles à ce sujet. Que dire, alors, de cette même proposition envers la Chine ?! Enfin, laisser entendre que cette organisation serait presque caritative (je caricature à peine !) alors que son fer de lance est constitué d'éditeurs ou d'industriels importants voire majeurs dans la Sécurité (ou qui cherchent à se renforcer) est assez surprenant.
L'initiative, cette semaine, du député belge François-Xavier de Donnea me semble davantage correspondre à ce que l'on est en droit d'attendre du continent européen, qui dispose d'une histoire et de valeurs susceptibles de transcender les intérêts partisans. L'un dans l'autre, on ne peut qu'être consterné par cette assemblage hétéroclite d'initiatives où l'on ne distingue plus vraiment ceux qui cherchent à œuvrer pour le bien de tous et les autres qui eux, sont dans un état d'esprit bien différent.
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