L'information a surgi hier de l'autre côté de l'Atlantique et semble être relativement passée inaperçue de ce côté-ci. Tout du moins en Gaule, se pâmant peut-être devant le suspense Hitchcockien de l'affaire dite de Bercy (se pâmant...ou pas ! :).
Début février 2011, et entrant dans le champ des mesures de rétorsion dans l'affaire Wikileaks, des pirates (qualifiés à tort ou raison de l'étiquette Anonymous) pénètrent le Système d'Information d'HBGary, une société spécialisée dans la...sécurité de l'Information (les cordonniers, toussa) et récupèrent des dizaines de milliers de courriels confidentiels et sensibles pour la plupart d'entre eux.
L'information du jour concerne les attaques, apparemment réussies, dont ont été la cible des entreprises d'envergure mondiale : DuPont, Johnson & Johnson, Walt Disney, SonyCorp ou encore General Electric. L'affaire ou plutôt les affaires, ne s'arrête(nt) pas là puisque c'est le FBI qui est sur la brèche et révèle que DuPont subit là sa deuxième série d'attaque en moins d'un an ! La première série d'attaques ayant été du type Google, affaire largement médiatisée et ayant donné lieu à des frictions certaines entre le géant de Mountain View, le gouvernement chinois mais aussi américain (même si moins médiatisé).
Au-delà de l'importance économique et concurrentielle de ces affaires, on découvre à travers les mails dérobés le portrait d'un espionnage élevé au niveau industriel dont les pirates opèrent à partir de la Chine, de la Russie et d'autres pays. Les autorités américaines poussent évidemment un énième cri d'alarme en soulignant que les dangers de ces cyber-attaques sont sous-estimés. L'affaire DuPont le prouve d'une certaine manière mais il est difficile de réduire une douzaine d'attaques forcément d'importance puisque touchant de grandes entreprises tandis que c'est toute l'industrie qui subit en permanence ces cyber-assauts.
C'est ce que dit Steven Chabinsky, l'un des responsables de la cyber division du FBI qui s'inquiète de la permanence et de l'augmentation incroyable de ces attaques. On apprend d'ailleurs, sans surprise d'ailleurs, que tous les secteurs sont visés : l'énergie, l'industrie pharmaceutique, les entreprises de défense, etc.
Que dire de plus si ce n'est que l'article* d'où j'ai extrait ces informations recèle d'informations très intéressantes. On y apprend, entre autre, comment la 2ème attaque sur DuPont a pu fonctionner : les ordinateurs portables de certains de ses cadres avaient été "piégés" lors d'un voyage d'affaires en...Chine. Sans forcément les partager, on comprend aussi les silences de nombreux responsables du fait des contraintes légales américaines mais aussi de l'atteinte en terme d'image de marque vis à vis de leurs clients.
Cet article met davantage en lumière, puisqu'il semble que c'est nécessaire, la réalité d'une guerre qui se déroule dans l'ombre depuis des décennies mais franchit un nouveau palier par l'usage des technologies de l'information : la guerre économique mondiale où le cyberespace semble avoir atteint sa "taille d'adulte" dans les échanges d'informations et les transactions dématérialisées. Et il ne faudrait pas croire que cette guerre ne concerne que les États-Unis, la Russie ou la Chine : les nations dites moyennes, font aussi partie du jeu. Sous-estimer la réalité stratégique des enjeux ou balayer les conséquences sous couvert de restrictions budgétaires n'est plus de l'ordre de la légèreté ou de l'inconscience : c'est celui de l'irresponsabilité** politique, économique et technologique.
* Pour les non-anglophones, la traduction Google devrait suffire.
** Le lecteur, dans sa bienveillance, reconnaîtra que si je me montre offensif sur ce sujet (une fois encore), veillera également à noter la constance de mes propos en cohérence avec le titre de ce blog :) Si tu veux la paix...
** Le lecteur, dans sa bienveillance, reconnaîtra que si je me montre offensif sur ce sujet (une fois encore), veillera également à noter la constance de mes propos en cohérence avec le titre de ce blog :) Si tu veux la paix...
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