mercredi 21 mai 2014

A quand un ministre de la cybersécurité ?

Si la question peut faire sourire, c'est pourtant la remarque qu'une frange de la communauté cyber a pu se poser ces derniers mois. D'ailleurs, lors des jours précédant la constitution du gouvernement de Manuel Valls, des bruits ont couru sur de possibles réflexions à ce sujet. Enfumage ou réalité, il convient de s'interroger sur la pertinence d'une réflexion en apparence isolée. En effet, depuis peu, la question fait même l'objet d'un débat en Belgique (1).


Le dispositif français en matière de cyberdéfense et de cybersécurité est très clair. Au centre se trouve l'autorité nationale en la matière, l'ANSSI (2), qui de part son positionnement interministériel anime la chaîne fonctionnelle cyber des ministères. Parmi ces ministères, il en existe deux, majeurs, qui disposent de compétences, de ressources et de moyens cyber spécifiques à leurs missions respectives : le ministère de la Défense ainsi que le ministère de l'Intérieur. Pour d'autres raisons, il pourrait être pertinent d'évoquer également le quai d'Orsay (3) mais aussi Bercy (4).

Se faisant, il devient compréhensible que la création d'un ministère ou, du moins, d'un secrétariat d’État dédié à la cybersécurité viendrait sans doute profondément bousculer l'organisation existante. De plus, il convient de rappeler que la secrétaire d’État chargée du numérique, Axelle Lemaire, dispose par décret (5) d'attributions qui lui permettent "en lien avec les autres ministères concernés" de "[...] traiter les questions relatives [...] à la sécurité des échanges, des réseaux et des systèmes d'information". Pour autant, la prédominance de l'économie numérique et notamment de la qualité des infrastructures et des données qui les irriguent ne peut que s'accroître dans les prochaines années. Le secteur est créateur net d'emplois hautement qualifiés, il regorge d'entrepreneurs et d'innovations qui affrontent leurs compétiteurs sur la scène européenne et mondiale, il génère de plus en plus de valeur donc de croissance à un moment crucial où le pays la cherche désespérément. 

Si la question pouvait sembler périphérique jusqu'à présent, les conditions évoluent si vite et si fortement qu'elle pourrait rapidement devenir stratégique. Il conviendrait dès lors de pouvoir évaluer à intervalles réguliers le dispositif existant face au contexte pour pouvoir, le cas échéant, l'ajuster. Un dispositif qui, s'il répond aux enjeux actuels, doit demeurer souple et agile face à un environnement changeant, rapidement évolutif mais aussi très agressif.


1) http://datanews.levif.be/ict/actualite/un-ministre-de-la-cyber-securite-dans-le-prochain-gouvernement/article-4000622424573.htm
(2) http://www.ssi.gouv.fr/
(3) surnom du ministère des Affaires étrangères et du Développement international
(4) ministères Économiques et financiers
(5) http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=?cidTexte=JORFTEXT000028884130&dateTexte=&oldAction=dernierJO&categorieLien=id

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Point 4 : Minefi, je ne vois pas le coté cyber. Par contre, une grosse dépendance info, ça, oui. également un vrai besoin d'échange entre les 4 cités, mais pas pour des besoins cyber, pour des besoins d'état plutot. Amicalement.

Anonyme a dit…

Ca me rappelle la newsletter d'HSC publiée... le 1er avril :

Nomination de Anne-Lise Decomphe au poste de secrétaire d'état
à la cybersécurité.

Anne-Lise Decomphe consultante expérimentée d'HSC évolue dans sa
carrière. Bien connue des lecteurs de la presse spécialisée en SSI - elle prête son image pour les publicités HSC depuis 3 ans - Anne-Lise figurait encore il y a quelques jours dans la liste très restreinte des candidats pour remplacer Patrick Pailloux à la tête de la prestigieuse Agence Nationale de la sécurité des systèmes d'information. Dans le cadre de la mise en place du "gouvernement de combat" souhaité par le président de la république le 31 mars, le nouveau premier ministre Manuel Valls a annoncé dès son discours de prise de poste la création d'un secrétariat d'état à la cybersécurité au
sein du Ministère de l'Intérieur et en a confié la responsabilité à Anne-Lise.
Les équipes d'Anne-Lise disposeront de tous les moyens offerts par l'arsenal de cyberdéfense de l'état : ANSSI, CALID, etc, afin de proposer un service de protection aux institutions financières et multinationales qui seront invitées en contrepartie à participer massivement au redressement des finances publiques par des donations régulières.

Nous lui souhaitons tous nos voeux de succès dans ses nouvelles fonctions.

Si vis pacem a dit…

@ Anonyme#1

Pour le Minefi, je pensais notamment à "Cyberdouanes" : http://www.senat.fr/rap/r13-093/r13-0939.html

Et donc je pensais aux unités spécialisées dans le renseignement de Bercy et du quai d'Orsay...

@ Anonyme#2

Bien vu ! :-)