Tom Clancy nous a quittés le 1er octobre 2013, laissant orphelins des millions de lecteurs à travers le monde. Dans son avant-dernier opus (1) "Cyber menace" paru en 2012, l'auteur explore dans le détail les nouvelles conflictualités en y intégrant pleinement le domaine cyber. Un livre qui, s'il souligne une nouvelle fois la maîtrise d'un genre littéraire et la troublante anticipation de scénarii crédibles (2), laisse pourtant le lecteur sur un sentiment mitigé.
Accédant à une notoriété internationale en 1990 par la transposition à l'écran du superbe "A la poursuite d'Octobre rouge" (3), Tom Clancy aura assurément renouvelé le genre littéraire dit d'aventure (re)qualifié aujourd'hui de "techno-thriller". Très bien renseigné, exact dans les manœuvres tant tactiques et opératives que les (dés)équilibres géopolitiques, précis dans la description des matériels et des équipements, il n'a sans doute jamais prétendu concourir au Nobel de littérature. Pourtant, le lecteur est immédiatement aspiré par l'imagination fertile et les remuantes aventures de Jack Ryan, son héros récurrent. Évitant munitions de petit calibre mais plongeant dans des conflits mondiaux, courant, volant à plus de mach 1, naviguant sur et sous les flots, transpirant au rythme des courses-poursuite, le lecteur finit souvent par devoir lâcher l’œuvre à une heure très avancée de la nuit.
Dans "Cyber menace", la zone de conflictualité - crédible - se situe entre Taïwan et la Chine continentale et voit s'affronter des chasseurs chinois récents J10 et des F-16 Taïwanais associés à des F18 US. Les groupes de porte-avions de l'oncle Sam sont sous la menace constante des redoutables missiles anti-navires d'interdiction de zone DF-21D (4), tandis que les voisins proches (Inde, Viet-Nam et Philippines) ont vite fait d'être repoussés hors des nouvelles zones territoriales revendiquées par la Chine !
Pourtant, une menace plus insidieuse car invisible et sous-estimée se fait jour. Avec des conséquences fortes et immédiates sur des infrastructures notamment civiles, des cyberattaques parfaitement ciblées sont lancées afin de réduire de manière importante les moyens militaires d'observation, de renseignements et de communication des USA. Un scénario apocalyptique mais crédible que de plus en plus de gouvernements et d'états-majors intègrent à leurs réflexions stratégiques.
Sans dévoiler les divers rebondissements et l'important volet se passant sur le sol américain, constatons simplement que Jack Ryan junior n'est que le pâle reflet de Jack Ryan senior et que la fin du roman apparaît tout simplement bâclée. C'est peut-être l'indice que c'est probablement un nègre qui a écrit ce roman (se reporter à la rubrique "Anecdotes" citée dans le commentaire (1) en bas de page). Il ne possède assurément pas la maestria de Tom Clancy capable de détailler durant des centaines de pages les affrontements mémorables entre les divisions blindées du pacte de Varsovie et les moyens aériens de l'OTAN ("Tempête rouge", l'un de mes préférés). Ou de décrire adroitement la tension incroyable des affrontements entre la Chine et la Russie en Sibérie dans "L'Ours et le Dragon".
Enfin, la partie cyber, même si elle est globalement maîtrisée (5), déçoit également. Ce qui devrait être l'âme et l'ossature du roman demeure globalement convenu et sans fantaisie ni originalité. A vrai dire, le lecteur aura le droit à davantage de pages d'actions cinétiques c'est à dire avec force armes à feu, missiles et lance-grenades que d'action vraiment cyber. L'implantation de codes malveillants élaborés et l'exploitation de vulnérabilités impactant les secteurs de l'énergie, du transport ou bien du nucléaire n'ont rien d'originaux. Seule, peut-être, l'introduction d'un disque dur piégé dans un système d'information ultra-protégé trouvera grâce à mes yeux. Comme une piqûre de rappel quant à l'importance cardinale des mesures organisationnelles et au relâchement possible face à des systèmes censés être hautement protégés. Des systèmes qui, s'ils ne sont pas physiquement reliés à Internet ou à un point d'accès à distance, n'en sont pas moins vulnérables.
Accédant à une notoriété internationale en 1990 par la transposition à l'écran du superbe "A la poursuite d'Octobre rouge" (3), Tom Clancy aura assurément renouvelé le genre littéraire dit d'aventure (re)qualifié aujourd'hui de "techno-thriller". Très bien renseigné, exact dans les manœuvres tant tactiques et opératives que les (dés)équilibres géopolitiques, précis dans la description des matériels et des équipements, il n'a sans doute jamais prétendu concourir au Nobel de littérature. Pourtant, le lecteur est immédiatement aspiré par l'imagination fertile et les remuantes aventures de Jack Ryan, son héros récurrent. Évitant munitions de petit calibre mais plongeant dans des conflits mondiaux, courant, volant à plus de mach 1, naviguant sur et sous les flots, transpirant au rythme des courses-poursuite, le lecteur finit souvent par devoir lâcher l’œuvre à une heure très avancée de la nuit.
Dans "Cyber menace", la zone de conflictualité - crédible - se situe entre Taïwan et la Chine continentale et voit s'affronter des chasseurs chinois récents J10 et des F-16 Taïwanais associés à des F18 US. Les groupes de porte-avions de l'oncle Sam sont sous la menace constante des redoutables missiles anti-navires d'interdiction de zone DF-21D (4), tandis que les voisins proches (Inde, Viet-Nam et Philippines) ont vite fait d'être repoussés hors des nouvelles zones territoriales revendiquées par la Chine !
Pourtant, une menace plus insidieuse car invisible et sous-estimée se fait jour. Avec des conséquences fortes et immédiates sur des infrastructures notamment civiles, des cyberattaques parfaitement ciblées sont lancées afin de réduire de manière importante les moyens militaires d'observation, de renseignements et de communication des USA. Un scénario apocalyptique mais crédible que de plus en plus de gouvernements et d'états-majors intègrent à leurs réflexions stratégiques.
Sans dévoiler les divers rebondissements et l'important volet se passant sur le sol américain, constatons simplement que Jack Ryan junior n'est que le pâle reflet de Jack Ryan senior et que la fin du roman apparaît tout simplement bâclée. C'est peut-être l'indice que c'est probablement un nègre qui a écrit ce roman (se reporter à la rubrique "Anecdotes" citée dans le commentaire (1) en bas de page). Il ne possède assurément pas la maestria de Tom Clancy capable de détailler durant des centaines de pages les affrontements mémorables entre les divisions blindées du pacte de Varsovie et les moyens aériens de l'OTAN ("Tempête rouge", l'un de mes préférés). Ou de décrire adroitement la tension incroyable des affrontements entre la Chine et la Russie en Sibérie dans "L'Ours et le Dragon".
Enfin, la partie cyber, même si elle est globalement maîtrisée (5), déçoit également. Ce qui devrait être l'âme et l'ossature du roman demeure globalement convenu et sans fantaisie ni originalité. A vrai dire, le lecteur aura le droit à davantage de pages d'actions cinétiques c'est à dire avec force armes à feu, missiles et lance-grenades que d'action vraiment cyber. L'implantation de codes malveillants élaborés et l'exploitation de vulnérabilités impactant les secteurs de l'énergie, du transport ou bien du nucléaire n'ont rien d'originaux. Seule, peut-être, l'introduction d'un disque dur piégé dans un système d'information ultra-protégé trouvera grâce à mes yeux. Comme une piqûre de rappel quant à l'importance cardinale des mesures organisationnelles et au relâchement possible face à des systèmes censés être hautement protégés. Des systèmes qui, s'ils ne sont pas physiquement reliés à Internet ou à un point d'accès à distance, n'en sont pas moins vulnérables.
(1) le dernier ouvrage est posthume est s'intitule "Command authority". Lire à ce propos la rubrique "Anecdotes" de la fiche Wikipédia consacrée à Tom Clancy
(2) voire tragiquement réalistes : le détournement d'un avion de ligne dans "Sur ordre" qui s'écrase sur le Capitole n'est rien d'autre que le scénario anticipé du 11 septembre 2001 avec cinq ans d'avance
(3) http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=5947.html
(3) http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=5947.html
(5) l'auteur aura eu le temps de se rôder au travers de la série "Net Force"
2 commentaires:
Tempête rouge, pas tempête route, effectivement probablement le meilleur Tom Clancy
Le dernier opus, Command Authority que j'ai terminé il n'y a pas longtemps, fut-il sous-traité ou co-écrit, évoque lui aussi une situation assez bluffante d'actualité, à quelques détails près...
Enregistrer un commentaire