mardi 30 novembre 2010

Lutter contre Stuxnet peut entraîner la mort

Malgré le titre légèrement ironique de ce billet, il semble très probable que l'ultra-sophistiqué malware Stuxnet a fait ses premières "vraies" victimes, hier (lundi 29 novembre 2010), en Iran. Les professeurs Majid Shahriari et Feredoun Abbassi-Davani, accompagnés de leurs épouses respectives, circulaient dans leurs véhicules lorsque qu'une ou deux équipes à moto ont attaqué les véhicules. La première équipe aurait apparemment réussi à glisser une bombe magnétiques contre le véhicule, déclenchée à distance de sécurité, tandis que l'autre véhicule aurait été mitraillé. 

La photo parue dans la presse laisse peu de doute sur le mitraillage dans lequel le professeur Shahriari a été tué, les autres personnes étant blessés sans que l'on sache l'état de ces blessures. En tout état de cause, ces attentats ne sont pas le fruit du hasard, les deux professeurs travaillant pour le programme nucléaire iranien. Mais le professeur tué n'est pas n'importe qui puisqu'il coordonnait la lutte contre Stuxnet au sein du programme nucléaire et des réseaux militaires. Je donnerai des informations supplémentaires prochainement sur l'efficacité de Stuxnet qui semble de plus en plus avérée : le site d'enrichissement de Natanz où tournent plusieurs centaines de centrifugeuses a dû être suspendu durant 6 jours du 16 au 22 novembre tandis qu'un important exercice de défense aérienne a dû être écourté le 17 novembre. Au-delà donc des installations nucléaires, il semble que cette fois-ci le ou les systèmes radar aient indiqué des pistes "fantômes".

Les deux attaques quasi-simultanées d'hier ont été réalisées de manière professionnelles dans l'une des zones normalement les plus surveillées de Téhéran. Je ne m'étendrai pas sur les commanditaires possibles mêmes si les regards se tourneront forcément vers Israël. Dans tous les cas, le décès de celui qui luttait contre Stuxnet est un coup dur pour le programme nucléaire iranien. A l'heure où Wikileaks fait parler de lui, l'Iran semble de plus en plus la cible de moyens divers et complémentaires d'ordre non conventionnels, sophistiqués et ciblés.

L'article traitant des attaques d'hier peut être lu ici (en anglais).

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